L’Archevêque ne tempère pas ses propos. Les propos de Mgr Saliège en 1942, appartiennent à la communauté catholique résistante, les persécutés de cette époque-là, les résistants en général, mais certainement pas à de cyniques défenseurs de la colonisation, justifiant celle-ci en prenant en hôtage la souffrance des autres. Voila qui est consternant !
Et qui peut encore refuser de voir un paralèlle lorsqu’un cardinal va rassurer un ministre que l’Église ne va pas s’immiscer dans les affaires de l’État en s’engageant "dans l’opposition frontale aux mesures gouvernementales" ? Comment s’étonner alors, qu’un pape aie manquer à son devoir face à la déportation d’hommes et de femmes juifs, roms, homosexuels…
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« Les Roms sont nos frères comme tant d’autres »
En août 1942, Monseigneur SALIEGE, archevêque de Toulouse ordonnait la lecture publique
d’une lettre pastorale restée célèbre intégralement reproduite ci-dessous et dont voici deux
extraits : « Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un
vil troupeau, que les membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour
une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle. » … « Les Juifs sont
des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre
ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères
comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier. »
En août 2010, en France, des campements de Roms sont démantelés et des expulsions soi-disant
volontaires du territoire français sont largement médiatisées. Devant de tels agissements et les
déclarations répétées de plusieurs membres du gouvernement, nous ne pouvons rester
silencieux et nous associons pleinement aux prises de position des responsables de la Pastorale
des Gens du voyage et des Migrants, et de la Communauté Mission de France rejoignant la
conclusion de leur texte :
« Nous ne pouvons nous résoudre « à voir les Rom et Gens du voyage victimes de préjugés et
d’amalgames, boucs-émissaires désignés des difficultés de notre société, alors qu’ils en sont
souvent les premières victimes. Nous sommes convaincus que le remède à la peur et à
l’insécurité ne se trouve pas dans une surenchère sécuritaire, mais passe par une action de
longue haleine nourrie de respect et de connaissance réciproques. »
+ fr Robert Le Gall,
Archevêque de Toulouse
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« LETTRE DE S.E. MONSEIGNEUR SALIEGE ARCHEVEQUE DE TOULOUSE
SUR LA PERSONNE HUMAINE
Mes très chers Frères,
Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces
devoirs et ces droits, tiennent à la nature de l’homme. Ils viennent de Dieu. On peut les violer. Il n’est au
pouvoir d’aucun mortel de les supprimer.
Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau,
que les membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination
inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle.
Pourquoi le droit d’asile dans nos églises n’existe-t-il plus ?
Pourquoi sommes-nous des vaincus ?
Seigneur ayez pitié de nous.
Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs
sont des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes,
contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos
Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier.
France, patrie bien aimée France qui porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de
la personne humaine. France chevaleresque et généreuse, je n’en doute pas, tu n’es pas responsable de
ces horreurs.
Recevez mes chers Frères, l’assurance de mon respectueux dévouement.
Jules-Géraud Saliège
Archevêque de Toulouse
13 août 1942
A lire dimanche prochain, sans commentaire. »
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Accueil, solidarité et fermeté
Contrairement aux propos véhiculés par certains médias et largement commentés par certains
hommes politiques, je n’ai pas fait de parallèle entre LE SORT des Juifs durant la guerre et celui
des Roms aujourd’hui, sort qui bien évidemment n’est pas comparable. Nos frères Juifs savent
combien je tiens aux relations de qualité que nous développons.
Mais en citant Mgr SALIEGE, j’ai invité les chrétiens et les hommes de bonne volonté, à avoir la
même attitude d’accueil, de respect et de fraternité envers les Roms, que celle que mon
prédécesseur demandait aux catholiques du diocèse de Toulouse en août 1942, et que Benoit
XVI recommandait également aux pèlerins de langue française il y a quelques jours, pour éviter
toute dérive ou tout excès.
Avec les « Cercles de silence », le soutien aux « SDF » et diverses actions du Secours Catholique
et d’autres associations auprès des Roms, la solidarité aux personnes en situation précaire est
une préoccupation particulièrement présente au cœur des chrétiens du diocèse de Toulouse,
que nous voulons privilégier en cette année pastorale qui s’ouvre.
Bien évidemment, les actes de délinquance et les délits doivent être punis. Il importe cependant
que la justice et la répression soient exercées sans discrimination et qu’une communauté ou un
peuple ne soit pas stigmatisé ou condamné à cause des exactions de certains de ses membres.
Nous sommes tout à fait conscients que le problème est complexe et nécessite une prise en
compte européenne. Avec les responsables de la Pastorale des Gens du voyage et des Migrants,
et de la Communauté Mission de France, nous restons convaincus que « le remède à la peur et à
l’insécurité ne se trouve pas dans une surenchère sécuritaire, mais passe par une action de
longue haleine nourrie de respect et de connaissance réciproques. »
+ fr Robert Le Gall,
Archevêque de Toulouse
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